L’histoire de la chaussure à Cholet fait partie intégrante de son identité et des Mauges.
Derrière chaque paire produite dans la région, il y a des décennies de savoir-faire, des familles, des gestes répétés et transmis, et une économie locale qui a longtemps fait battre le cœur industriel de l’Anjou. C’est l’histoire de la chaussure Cholet.
Les débuts de l’industrie de la chaussure à Cholet
L’histoire de la chaussure dans la région de Cholet et des mauges reflète ce qui caractérise ce territoire. En effet, cette espace dans l’ouest de la France, entre Loire et Vendée est très marqué. L’histoire de l’industrie de la chaussure dans la région va s’imprégner des spécificités culturelles dont la religion ; du fort taux de natalité et du traumatisme historique avec les guerres de Vendée.
Ce que nous rappelle le très riche ouvrage La Chaussure. Histoire – territoire – devenir, c’est que derrière chaque semelle, chaque laçage, il y a l’ingéniosité de tout un territoire. Ce livre des éditions d’ici est le premier ouvrage de fond traitant de cette industrie locale.
Un beau livre sur ce passé glorieux
L’histoire de la fabrication de chaussures dans la région de Cholet et des mauges reflète ce qui caractérise ce territoire. En effet, cet espace dans l’ouest de la France, entre Loire et Vendée est identifiable par un état d’esprit propre à lui. L’histoire de l’industrie de la chaussure dans la région va s’imprégner des spécificités culturelles de l’importance de la religion. De plus, citons le fort taux de natalité et le traumatisme historique due aux guerres de Vendée.
Ce que nous rappelle le très riche ouvrage La Chaussure. Histoire – territoire – devenir, c’est que derrière chaque semelle, chaque laçage, il y a l’ingéniosité de tout un territoire. Ce livre des éditions d’ICI est le premier ouvrage de fond traitant de cette industrie locale.
La Société Choletaise de Fabrication (SCF) est citée dans le livre et son dirigeant a contribué à sa rédaction.
Pour rappel, SCF héberge la Manufacture de tressage et Made by bobine dans ses anciens locaux. Ce lieu est l’un des symboles de ce passé industriel autour de la chaussure.
La genèse de la fabrication de chaussures dans les mauges

Dès le XIXe siècle, la chaussure devient un pilier de l’économie choletaise. Des centaines d’ateliers, souvent familiaux, se développent dans les campagnes autour de Beaupréau, Saint-André-de-la-Marche ou encore Mazières.
Cette industrie de la fabrication de chaussures vient prendre la suite à des industries textiles déclinantes. C’est ainsi que modestement, la découpe de cuir et la fabrication des tiges puis des chaussures prennent la suite des métiers à tisser. En effet, les métiers à tisser étaient installés dans les fermes ; ces tisserands étaient aussi agriculteurs. L’exode rural au XIXème siècle va faire décliner ces productions textiles. Modestement, la fabrication de la chaussure va s’amorcer.
Dès le début, ces chaussures se positionne sur des prix d’entrée de gamme ; ce ne sont pas de beaux souliers haut de gamme. Les souliers soignés étaient alors fabriqués à Paris, ou encore Romans.
Les premières manufactures de chaussures
Vers 1880, viennent les manufactures plus importantes, employant parfois des centaines d’ouvriers. Ainsi, en 1903, la fabrique Damelon à Mauléon, propose des chaussures et pantoufles. Il est frappant de noter le rôle des curés de village pour pousser les initiatives de regroupement. Ces regroupement donnant naissance à des structures, semence des futures manufactures.
La première guerre mondiale accélère cet essor. A titre d’exemple, l’entreprise Tigout, ancien bottier, apparait en 1916et prospère durant cette période. En 1930, la maison Biotteau-Guéry est l’une de plus importante. Depuis trois générations, cette famille fabrique des chaussures.
Ainsi, en 1938, 125 entreprises et 8.000 salariés œuvre dans ce secteur.
En 1960 encore, près de 11 000 personnes travaillaient dans la filière chaussure dans les Mauges. Un véritable écosystème se créé autour de la fabrication de chaussures avec les métiers en amont (autour des bureaux d’étude, du cuir, des semelles, des accessoires, des formiers, …).
Un patrimoine transmis et toujours vivant
C’est entre les années 1990 et 2000 que cette saga industrielle va décliner. Cette décennie est marquée par de nombreuses fermetures d’usine.

Aujourd’hui, même si la présence des manufactures de chaussures a beaucoup diminué, les savoir-faire sont toujours là. La fabrication de chaussures ne représente plus qu’un petit millier d’emplois dans la région. Cette diminution du secteur de la chaussure n’a pas empêché la région de prospérer avec le plein emploi
Ainsi, toujours présent dans la région, la fabrication de chaussure contribue à la diversité économique. Citons divers exemples. L’usine du groupe Eram, la Manufacture 49 est située à Saint-Pierre Montlimart. Des entreprises sont toujours familiales comme Humeau-Beaupréau à Beaupréau, pour la chaussure enfants, il y a Bellamy ou encore Cléon pour de la chaussure de ville.
La région abrite aussi des productions haut de gamme comme l’usine de la Maison Corthay ou Chaussures cuir Michigan.
A noter que beaucoup de ces manufactures sont labélisées Entreprises du Patrimoine Vivant par l’état pour leurs savoir-faire rares et d’exception.
Proche de la manufacture de tressage, presque en face, à Bégrolles-en-Mauges, fut pendant longtemps installée l’usine Metayer. Elle a cessé son activité en 2008.
La manufacture 49 du groupe Eram
Il est étonnant et admirable que le groupe Eram dispose encore d’un outil en France. C’est une des dernières marques hors du haut de gamme disposant d’un outil français. L’usine du groupe Eram, La manufacture 49 est basée à Saint-Pierre-Montlimart. Elle emploie environ 150 personnes et est labélisée Entreprise du Patrimoine Vivant. Cette usine produit une partie des produits de certaines marques du groupe comme Bocage, TBS et Montlimart. L’usine est innovante en proposant par exemple une cordonnerie industrielle pour recycler les anciens modèles ou gérer des locations de chaussures. Elle propose aussi la marque porteuse de valeurs, Sessile. Ces sont des sneakers éco-conçues, réparables et recyclables.
Chaussures Cuir Michigan de Joseph Malinge et Chantal Soreau
Créée par Joseph Malinge et sa sœur jumelle, Chantal Soreau ; ils sont héritiers d’une longue tradition familiale en représentant la 4ème génération. L’entreprise fabrique des souliers haut de gamme. Joseph maintien le savoir-faire du cousu Goodyear et Norvégien pour proposer des derbys, richelieus, bottines et mocassins de haute qualité. L’entreprise est labélisée Entreprise du Patrimoine Vivant.
Cléon, la force de la famille
Dirigée par la troisième génération, Cléon propose des chaussures pour hommes, femmes et enfants. L’usine est basée à La Romagne et emploie 40 personnes. L’entreprise détient plusieurs marques et est distribuée par les détaillants français et étrangers et sur ses sites web. Ainsi, le groupe détient les marques Kleman (à l’origine pour les pompiers et maintenant pour un large public), Le formier (chaussures élégantes), …
Maison Corthay, l’un des bottiers les plus réputé au monde
A l’origine parisienne, la Maison Corthay est venue s’installer à Beaupréau en 2014. En s’ajoutant à l’atelier sur mesure de Paris, l’atelier de Beaupréau, avec ses 17 artisans, fabriquent des pièces d’exception. La couleur et la patine des chaussures Corthay sont exceptionnelles.
Humeau Beaupréau et la fameuse méduse

Humeau Beaupréau est basée à Beaupréau. Dirigée par la troisième génération, l’entreprise propose des chaussures injectées (Méduse et ses fameuses sandales de plage) et des chaussures pour enfants (Bopy) entre autres. L’usine en France emploie 120 salariés.
Petit Peton et le « petit-fils du cordonnier »
Entreprise spécialisée dans la chaussure pour enfant ; Petit Peton est animée par la quatrième génération. L’entreprise fabrique et distribue sa propre marque « le petit-fils du cordonnier » et fabrique aussi pour le compte d’autres marques.
Une situation sociale et économique particulière
Les mauges se caractérisent par le plein emploi. Ce territoire est marqué par une capacité à réinventer son avenir lorsque le présent devient pesant. Ainsi, la fin d’une belle histoire économique, comme la fabrication de linge de maison, est vécue douloureusement. Mais, un réflexe bien local pousse à imaginer un autre avenir. Il est frappant de voir notamment au XIX ème siècle et encore après-guerre le rôle des bons pères pour stimuler l’entreprenariat.
Du linge de maison à la chaussure et maintenant les matériaux souples (maroquinerie, façonnier et toujours la chaussure), les mauges marquent leur résilience.

Il faut noter aussi la diversité de la production industrielle dans le territoire. Les mauges ne sont pas dédié à un secteur mais se caractérisent plutôt par la diversité des activités industrielles présentes. Ainsi, de nos jours, bien que symbolique et mise en avant, l’activité de fabrication de chaussure a un poids faible dans l’économie locale.
Enfin, autre caractéristique est l’implantation satellitaire. En effet, les usines se répartissent par village et ne sont pas uniquement regroupées sur la grande ville, Cholet. De là vient l’expression « une usine à la campagne ». Ceci est toujours le cas.
Un état d’esprit respectueux
Il est frappant de constater par le passé et de nos jours la faiblesse des conflits sociaux dans mauges. Soit, nous le disions, la période du front populaire est agitée. C’est comme s’il y avait une concorde sociale ; la ligne rouge du conflit social à ne pas dépasser. Ceci est dû à un état d’esprit.
L’histoire a construit une mentalité basée sur le respect mutuel. Le respect des patrons pour leurs ouvriers. Il y a la fierté du savoir-faire et du travail bien fait. Puis, le respect des ouvriers pour leurs patrons vient d’une considération de l’entreprenariat. En effet, l’entreprenariat aurait sauvé la région de la pauvreté après la violente période des guerres vendéennes. Tous considèrent aussi le travail comme une valeur.
Lacets de chaussures à Cholet : une spécialité locale
Des structures comme la SCF (Société Choletaise de Fabrication) ont su évoluer. Plutôt que de produire des chaussures entières, elles concentrent leur savoir-faire sur des éléments clés : lacets, galons, cordons, sangles…xxx
SCF, un acteur historique et clef de la fabrication de chaussure

Parmi tous les éléments qui composent une chaussure, le lacet a longtemps été considéré comme accessoire. Pourtant, c’est bien ici, dans notre région, que des millions de paires ont été tressées et nouées.
Chez SCF, chaque semaine, ce sont encore plusieurs kilos de cordons qui sortent des métiers à tresser. Une partie est utilisée pour nos produits Made by Bobine, une autre est vendue en mercerie (à l’atelier de tressage de Paris ou à Bégrolles-en-Mauges), et une autre encore est utilisée telle quelle, ou pour des projets artistiques, comme les scénographies de la Paris Design Week.
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Un projet collectif, sensible et concret
À la SCF, rien ne se perd. Chaque chute textile est collectée, triée à la manufacture de tressage de Bégrolles, puis orientée selon son potentiel.
- Certaines sont destinées à nos projets design (comme nos cabas, cintres, tabourets…),
- D’autres sont revendues telles quelles pour les lacets ou les projets de tressage sur mesure,
- Une autre partie est stockée dans notre mercerie, disponible à Paris ou à Bégrolles,
- Enfin, certaines matières partent pour des projets artistiques, notamment lors de collaborations.



Ce cycle, c’est la base de notre engagement : revaloriser au lieu de jeter, créer localement au lieu d’importer, et travailler avec des personnes en insertion ou en réinsertion.
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Une mémoire vivante du territoire

Nous ne sommes pas seuls à transmettre cette histoire. Des artistes s’en emparent aussi. Eva Prémilieu, il y a deux ans, avait proposé une installation textile autour de la matière brute. L’an dernier, Anaïs Beaulieu avait brodé à la main des phrases issues de témoignages d’ouvriers de la chaussure. Deux visions très différentes mais toujours ancrées dans le territoire.
À notre échelle, on essaie aussi de faire vivre cette mémoire – en continuant à fabriquer localement, mais aussi en ouvrant nos portes à des collaborations étudiantes ou artistiques.
La jeune création : les projets étudiants à l’honneur
Lors de la dernière Paris Design Week, nous avons travaillé avec les étudiants de l’école Duperré, en scénographie. À partir de nos chutes, ils ont imaginé des installations poétiques : certaines en forme de bijoux, d’autres comme des pièces de design, d’autres encore jouant sur les volumes textiles.
Leur regard est neuf, audacieux, mais toujours respectueux de la matière. Ce sont des projets concrets, ancrés dans le réel, et qui prouvent que la revalorisation n’est pas une contrainte, mais une force créative.
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En 2020, des employés de SCF lancent le projet MBB
Et c’est dans cette logique que Made by Bobine est né : transformer les chutes textiles issues de ces productions pour concevoir de nouveaux objets utiles et beaux. En rendant hommage à la tradition, mais avec une vision tournée vers demain.
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Pourquoi c’est important de fabriquer ici
Acheter des lacets fabriqués à Cholet, ce n’est pas juste un acte pratique. C’est un choix :
- Pour l’environnement (moins de transport, revalorisation des matières)
- Pour l’emploi local
- Pour soutenir des savoir-faire textiles français
- Et pour faire vivre une mémoire qui a encore beaucoup à transmettre
En conclusion : la chaussure, ici, c’est bien plus qu’un objet. C’est un lien entre générations. Une histoire qui continue de se tisser, un pas après l’autre. Et chez Made by Bobine, on est fiers d’en faire partie.